Le pont dit “ des pèlerins ” sur la Boralde à St-Chély-d’Aubrac
On appelle boraldes les petits cours d’eau de l’Aubrac qui rejoignent le Lot sur sa rive droite. Amorcées par les langues de glace qui s’écoulaient de la calotte glaciaire recouvrant le plateau il y a 20 000 ans, elles ont creusé de profondes vallées (dénivelé pouvant atteindre 1 000 mètres) dans le socle métamorphique. Le profil en U à fond plat du début de leurs cours en atteste clairement. En-dessous de 1 000 mètres d’altitude, le profil en V, caractéristique du creusement fluvial, prend le relais. Les pentes sont principalement boisées
de hêtres et de chênes*, en fonction de l’altitude et de l’exposition, alternant avec quelques prairies et cultures.
La Boralde de Saint-Chély-d’Aubrac, longue de 25 km, prend sa source au roc de Campiels (1 340 m), à l’est d’Aubrac, et rejoint le Lot à Saint-Côme-d’Olt. Elle a joué un rôle essentiel dans le développement de ce village… qui est expliqué quelques kilomètres plus loin.
* Hêtraies [fajas] en altitude et sur les expositions nord, chênaies [cassanhass] sur les versants sud et à basse altitude, ripisylve – aulnes [vernhas], saules [salesses] – en bordure de rivière. Ce bel ordonnancement a parfois été bouleversé par la plantation de douglas et d’épicéas à la croissance beaucoup plus rapide, mais à l’impact écologique discutable.
[lo Pònt romiu]
« Tout au long du Moyen Âge, Saint-Jacques-de-Compostelle fut la plus importante de toutes les destinations pour d’innombrables pèlerins venant de toute l’Europe. Pour atteindre l’Espagne, les pèlerins devaient traverser la France, et les monuments historiques notables qui constituent la présente inscription sur la Liste du patrimoine mondial étaient des jalons sur les routes qu’ils empruntaient. »
Lettre de notification de l’UNESCO adressée au gouvernement français le 29 décembre 1998.
Ce pont (dit pont sur la Boralde, ou pont de l’Yeule) est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial au titre du Bien. Seul point permettant le franchissement à pied sec de la Boralde par les pèlerins, il nous est parvenu dans un remarquable état de conservation depuis le XIVe siècle. Ce pont est un exemple de ces multiples édifices bâtis pour organiser une route et faciliter la circulation des voyageurs comme des pèlerins ou les habitants dans leur vie quotidienne.
Le pont représente un symbole fort dans la religion catholique : celui du passage de la terre au ciel… d’où la présence fréquente de croix sur ces édifices.
Architecture
Long de 15 m et large de 4,60 m, il comporte un plan incliné d’environ 8 %. Les parapets de 0,5 m dégagent un tablier de 3,60 m dont la calade, en galets de boralde, a été refaite en remplacement du revêtement en bitume, redonnant au pont son aspect primitif.
Les deux arches sont séparées par un fort pilier de 2 m d’épaisseur, protégé en amont par un avant-bec triangulaire.
L’ensemble de la maçonnerie voit alterner le basalte « vacuolaire » pour les principaux éléments (pierres d’angle des piles, arches, couronnement du parapet, ornements…), et le gneiss utilisé en remplissage des murs.
La croix historiée en basalte, qui prend appui sur l’avant-bec
du pilier central du pont, date du XVe au XVIe siècle.
Assez fruste, elle figure le Christ en croix dans sa partie supérieure.
À ses pieds, la Vierge Marie (à droite) et l’apôtre Jean (à gauche).
Au bas du fût, un pèlerin, sculpté en ronde-bosse, est accessible.
Il est revêtu du long manteau à capuchon caractéristique (la pèlerine).
Représenté debout et de face, il prend place dans un espace
rectangulaire. Dans sa main droite, il tient son grand bâton
de marche, le bourdon, et égrène de la gauche
un volumineux chapelet placé devant lui.